Multicouche et détails

 

 

En cette nouvelle année essayons de peaufiner notre travail en multipliant les couches, en soignant les détails en fin de processus.

 

J'aime apporter un maximum d'informations dans la première couche de mon aquarelle mais ... ce n'est pas toujours possible. Cela dépend des sujets. Je vous conseille de regarder le travail de Grahame Booth aquarelliste irlandais talentueux. Il sait parfaitement traiter les paysages de neige qui sont d'actualité en Isère en ce début janvier. Hélas, ses vidéos sont à nouveau en anglais. Si vous ne comprenez pas tout ce qu'il raconte, et c'est quelqu'un qui se raconte beaucoup d'histoire en peignant, vous pouvez néanmoins profiter de sa gestuelle et de sa technique. Vous remarquerez que cet artiste ne revient jamais sur une touche posée. Il s'exprime avec son pinceau sans aucun bégaiement ni repentir et c'est l'aveu d'un travail très régulier, peut être quotidien.

Pour vous aider, je vais mettre les différentes étapes en image pour que vous compreniez bien la technique du multicouche et l'importance des détails pour fignoler votre œuvre et la rendre plus réaliste et poétique sans pour autant empâter. Je vous conseille vivement d'essayer de copier son œuvre magnifique (voir ci-dessous) .... et ce ne sera pas si facile !

 

Comme Loïs Davidson, Grahame peint sur un support incliné. Comme Loïs, il pratique le Loose Painting pour les fonds. Cependant si Loïs simplifie beaucoup son sujet et termine en général son aquarelle au premier jet ou au maximum en deux couches, Grahame n'hésite pas à multiplier les couches pour obtenir de la profondeur et gérer une complexité plus grande.

Sa technique est tout à fait dans l'esprit de ce que nous pratiquons ... mais vous allez aussi découvrir de nouvelles manières de faire.

J'ai toujours déploré de ne pas pouvoir vous montrer le multicouche dans nos rencontres. En effet la démonstration prendrait trop de temps. Confinés, utilisons notre temps à bon escient.

 

 

 

 

Une magnifique démonstration de Grahame Booth

https://www.youtube.com/watch?v=vVjTOEt3fJg

 

Clic sur l'image pour agrandir

Avec ces trois couleurs on obtient de belles variations de teintes, qui ne virent pas au vert. La neige est claire et pas forcément blanche. La réchauffer par endroit empêche l'aquarelle d'être trop lugubre.

Il dessine les grandes lignes sur la feuille avant de commencer. (voir détail)

Trois pinceaux et trois couleurs

Un pinceau style spalter Haké en poil de chèvre
Un pinceau à réserve d'eau ou à lavis
Un pinceau épée ou pinceau synthétique pour les détails
(+ un pinceau pour faire les retraits et adoucir les contours)

L'éponge permet de gérer l'humidité du pinceau.

Avec le spalter en poil de chèvre très imbibé il peint le fond du ciel, d'abord le mélange chaud auquel il incorpore du bleu cobalt.

La feuille est placée sur un plan incliné.

C'est l'eau et l'inclinaison de la planche qui provoque les mélanges et les fusions. Il ne revient pas !

Il aspire au pinceau les rubans d'eau qui se forment en bas des taches

La neige est aussi réchauffée par ces mélanges. Les gouttes sont essorées.

La neige ne doit pas être blanche. Il suffit qu'elle soit plus claire que le reste.

Le fond est séché avec un sèche-cheveu, puis les collines sont évoquées légèrement et avec une valeur moyenne puisqu'elles figurent au lointain.

Il passe à travers l'arbre qui sera sombre, (donc inutile de l'éviter) pour ne pas perdre le mouvement de son pinceau.

 

Le haut des collines est estompé avec un pinceau à peine humidifié.

Des ombres légères dans la neige permettent de comprendre que le relief n'est pas plat.

Il adoucit les bords des taches car les reliefs eneigés sont toujours moelleux.

L'ensemble est séché à nouveau.

Des arbres dénudés sont peints avec le pinceau épée par des traits anguleux et dont la largeur peut varier.

La valeur est moyenne puisque ces arbres appartiennent au deuxième plan.

Il mélange les ramures des deux arbres.

Les inclinaisons des branches sont variées.
Des branches se croisent.

Il vaut mieux inventer l'arbre en tenant compte de la diversité des inclinaisons, des longueurs, des points d'attache etc. De cette manière vos arbres sont équilibrés et harmonieux.

Il ne revient jamais sur un trait posé.

Quelques détails sont ajoutés. L'ensemble est très harmonieux.
Avec un pinceau imprégné de couleur, essoré et couché, il peint les buissons de droite.

Les taches initiales sont nourries par endroit avec différents mélanges de couleurs qui offrent une variété de teintes intéressantes.

Les taches sont étirés en brindilles

Idem sur le coté gauche avec d'autres teintes obtenues toujours à partir de ses trois couleurs de base.
Des taches aléatoires sont obtenues par projection et évoquent la végétation et les feuilles.
Il est important de continuer le buisson de gauche pour qu'il apparaisse de part et d'autre du tronc d'arbre. C'est une astuce à retenir.
Une barrière est peinte sans nuance. Par retrait plus tard elle sera rendue plus vivante.
En couchant le pinceau, presqu' à sec, il évoque les brindilles au bout des branche puis il rajoute les rameaux.

Il peint le tronc de haut en bas, en peignant seulement la droite du tronc. Il commence en haut en imaginant que la lumière arrive par la gauche. Le tronc est cylindrique donc sa luminosité variera de la gauche vers la droite..

 

 

Avec un pinceau humide, il fait s'étirer vers la gauche la peinture déposée sur le tronc.
Il rajoute des traits d'ombre à droite du tronc et les étire pour évoquer la texture de l'écorce.

Le processus est répété.

D'abord un trait sombre à droite.

Puis il humidifie la partie gauche pour adoucir le trait sombre et provoquer des fusions

Il ajoute des branches latérales et leurs rameaux.

Il dessine des rejets à la base du tronc

Il rajoute quelques feuilles éparses qui ne se seraient pas encore envolées, en prenant soin de varier la forme des taches.

Il rajoute les ombres portées des troncs qui vont épouser le relief.
Les ombres peuvent être discontinues puisque la neige n'est pas forcément lisse partout malgré ses surfaces douces.

Il ne faut pas revenir sur le tracé des ombres.

Il rajoute des herbes et leurs ombres
Le chemin est défini par quelques ombres portées. Il est important de ne pas faire des trait continus, ni de ruban continu. La discontinuité évoque le relief neigeux et ses accidents..

Il traite les détails en pratiquant des retraits. Il mouille un bout de branche ou brindille, frotte légèrement puis enlève la peinture au papier absorbant.

Ce sont des détails qui permettront de comprendre quelle branche est devant et quelle autre est derrière.

Les piquets de la barrière sont allégées par endroit.

Il évalue son travail
Quelques détails plus sombres, sont ajoutés encore à la droite du tronc.

 

Vous pouvez aussi trouver d'autres vidéo de Grahame Booth. Mes préférées sont les suivantes :

https://www.youtube.com/watch?v=Hd6DeVzt_fE
     

https://www.youtube.com/watch?v=KSkfe-hZ-Vk

 

Dans cette vidéo il raconte qu'il peint un paysage de neige à partir d'un paysage irlandais en hiver mais sans neige !!! Trop fort.

     
     
 

Partagez vos copies des aquarelles de Grahame
ou
vos essais personnels à partir d'autre paysage de neige ?

 

 

Vos réalisations

 

Mathilde

 

J'ai essayé comme Grahame de peindre sur papier sec.
Je regrette la douceur du travail sur papier mouillé à coeur.

Cependant je me suis bien amusée. Le travail des buissons sombres a été difficile pour moi car j'ai trop insisté et j'ai du rajouter du blanc pour m'en sortir.
Par ailleurs, mes buissons sont trop face à face, ce qui a créé une barrière horizontale désagréable dans ma composition. J'y ai remédié en coupant le buisson à droite pour recréer une dissymétrie.

   

Colette

 

Voilà un 1er jet pas tres concluant ... mais très intéressant. Je vais récidiver. Pour ma part j'aime bien essayer des nouveautés même si ne n'est pas toujours évident de s'approprier la méthode.

   

Françoise S.R.

Merci de ces envois extrêmement documentés. C'est très riche et pédagogique. Cela m'a obligé à reprendre des éléments de base sur les couleurs, ce qui n'est pas flagrant dans ce que je t'envoie. Je ne suis pas satisfaite, beaucoup de maladresses et d'erreurs, mais cela m'a bien intéressée. Je vais essayer de refaire cette aquarelle. J'appréhendais de faire de la neige... et cette méthode ouvre des possibilités.

   

Nicole

Voici un essai de paysage de neige d'apres le modèle et surtout tes conseils. Maintenant il faut que je me lance avec mes propres photos de neige....merci de nous stimuler et à bientôt.